jeudi 24 septembre 2015

Le printemps paraguayen est enfin arrivé

Et non je ne vais pas vous parler des saisons...

J'aimerais que ce qui est en train de se passer au Paraguay en ce moment-même soit connu de tous et de toutes ! Pour que les étudiants paraguayens et en particulier ceux de l'Université Nationale d'Asunción puissent recevoir le soutien du monde entier.

Tout d'abord, une marche étudiante (les participants étaient des étudiants du collège jusqu'à l'université) a eu lieu le vendredi 18 septembre 2015  à Asunción pour réclamer de nombreuses améliorations (nécessaires) dans le système éducatif du Paraguay.

Ensuite, les étudiants de l'UNA protestent contre la corruption qui touche leur université mais aussi tout le pays. À ce que j'ai compris, tout est parti de la Faculté de Sciences Vétérinaires. Des centaines de personnes occupent donc le campus de l'université avec des pancartes disant "dehors la corruption" ou "dehors Froilán Peralta (le recteur de l'université)". Vendredi 25 septembre était le 5ème jour consécutif de ce rassemblement ! En effet, les étudiants restent sur le campus pour protéger les preuves papiers des délits commis par le recteur et autres irrégularités présentes à l'UNA car la "fiscalía" (qui correspond au ministère public) ne vient récupérer ces preuves que le mardi 29 septembre ! Je vous traduit ici leur "communiqué à l'opinion publique" :

  1. Ils réclament que des investigations soient menées et des éclaircissements sur toutes les dénonciations de corruption et les irrégularités dans l’assignation de postes de professeurs à des personnes qui n'ont pas le profil pour exercer une si noble mission.
  2. Ils désavouent l'utilisation discrétionnaire des fonds universitaires prenant comme excuse l'autonomie universitaire, concept ayant été dénaturé par le recteur actuel de l'UNA, le Docteur Froilán Enrique Peralta Torres.
  3. Ils exigent la démission immédiate du recteur de l'université car il est l'icône d'un système universitaire décadent et obsolète.
  4. Ils demandent que toute les citoyens adhèrent à cette cause qu'est la véritable autonomie de l'université.
Le recteur s'est rendu coupable de népotisme (abus de quelqu'un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux gens de sa famille, définition Larousse) en payant des membres de sa famille une fortune pour des postes qu'ils n'occupaient pas, invoquant ensuite le manque de fonds pour justifier le salaire de misère du corps enseignant de l'UNA.
À savoir que les rectorats de l'Université Nationale d'Asunción ont toujours été orientés politiquement vers le Parti Colorado, parti de la dictature, depuis la fin de celle-ci. De ce fait, aucun rassemblement de type culturel ou politique n'a jamais pu avoir lieu dans cette université. C'est-à-dire, par exemple, qu'un groupe avec beaucoup d'étudiants qui boivent un terere ensemble, moment typique et normalement convivial au Paraguay, peut se transformer pour certains en un rassemblement suspect (il ne faudrait pas qu'il leur viennent en tête des idées "révolutionnaires").


Ce mouvement a déjà reçu le soutien de plusieurs personnes se prenant en photo avec une pancarte #UNAnotecalles sur les réseau sociaux, allant même jusqu'à recevoir des photos d'étudiants européens ! Les autres universités d'Asunción et du pays font parvenir des lettres ouvertes à l'UNA pour lui démontrer leur soutien. Des compagnons de mon université, la UCA (Université Catholique d'Asunción) ont organisé une collecte d'eau et de "yerba" (pour le terere) afin que les étudiants supportent un peu mieux la chaleur. Et des entreprises se joignent également de cette manière à leur cause tandis que les pompiers de San Lorenzo, le quartier d'Asunción où se trouve le campus, ont arrosé les étudiants avec des lances à incendie les jours où il a fait plus de 40°C.

En cette nuit du jeudi 24 septembre au vendredi 25 septembre, plusieurs événements sont survenus à la UNA mais je n'ai pas encore assez d'informations pour vous les expliquer correctement. Il me semble qu'une femme a pénétré dans des bureaux de l'université pour faire disparaître des preuves du népotisme et de la corruption présents dans l'université. Ce sont malheureusement des preuves papiers, certaines ont donc commencé a être brûlées. La personne venue dans ce but s'est fait prendre en flagrant délit et, prise de panique, elle a commencé à... MANGER les feuilles de papier puis s'est cachée derrière une chaise ! Des photos de cet événement circulent sur les groupes whatsapp entre les étudiants ou sur les réseaux sociaux.

Le vendredi 25 septembre, Froilan, le recteur de l'UNA, a démissionné !
Cependant, la lutte continue et les élèves comptent bien rester debout. Ils ont lancé un appel général le vendredi à 19h. Je me suis rendu le soir du vendredi 25 septembre sur le campus de l'UNA car les soutiens reçus via les réseaux sociaux ne suffisaient plus (des départs depuis le campus de l'Université Catholique étaient organisés). Il y avaient énormément de monde, des réserves d'eau immenses mais pas encore suffisantes, des tentes plantés là pour la nuit, des tambours et des pétards résonnant dans la nuit, des dizaines de pancartes gigantesques accrochées ici et là, des intervenants qui se passaient le micro pour conter leurs expériences et leur pensée, des acclamations et des applaudissements, des chants, des drapeaux paraguayens démontrant l'amour de ces jeunes pour leur pays... Tout ça dans une ambiance chargée d'émotion et de rage de changer ce pays et son système éducatif et politique. Une professeure a témoigné, la gorge serrée, que les enseignants se joignaient également à cette cause, un autre intervenant s'est dit fier de son pays et de sa jeunesse, une étudiante a témoigné de son envie de vaincre la corruption avec force... Car c'est bien aux étudiants qu'il incombe de protester pour avoir une chance d'améliorer leurs conditions de vie en général, et aujourd'hui ils en ont pris conscience tous ensemble.

J'ai cherché plus d'explications sur ce tournant de l'histoire que j'ai "la chance" de vivre sur place mais seuls les médias paraguayens parlent du mouvement de l'UNA. Voilà pourquoi il m'a semblé important de vous expliquer au mieux ce qu'il se passe à quelques kilomètres du centre d'Asunción au moment où j'écris cet article.










UNA no te calles !



Voilà le visage de ces jeunes ayant le même âge que moi sans avoir les mêmes libertés, la marche étudiante de vendredi en images : https://www.youtube.com/watch?v=Fpmd5l_QmUI

mardi 8 septembre 2015

Aregua, "ville fraisière"

Dimanche 6 septembre 2015

La foire aux fraises, événement incontournable d'Aregua !


Temps approximatif en bus : 1h15.

Prix : 2 300 Gs (environ 0,40 €).


Départ pour notre journée fraises.
Nous nous sommes donc levé à 6h30 (ce fut très dur) pour prendre le bus jusqu'à Aregua. J'étais déjà allé dans cette ville situé près du Lac Ypacarai à mon arrivée au Paraguay. Cependant, aujourd'hui était le dernier jour de l'"Expo frutilla" (l'exposition de la fraise) et mon but était donc de me gaver de fraises jusqu'à n'en plus pouvoir. Ce que j'ai fait.

L'absence d'arrêt de bus au Paraguay me ravit chaque jour un peu plus.
Coline finissait sa nuit dans le bus tandis que j'essayais de reconnaître la ville d'Aregua. Chose, pourtant simple, que je n'ai pas été capable de faire. C'est donc après 1h30 de bus et un court moment de panique que nous sommes descendues au milieu de nul part. Seule une route de terre semblait mener au lac Ypacarai.

Un mal pour un bien.
En suivant cette route nous avons eu l'agréable surprise d'arriver à une plage un peu isolée du lac Ypacarai où les familles viennent manger des asados le dimanche.
On s'est baladé un peu, puis nous nous sommes arrêtées près d'un arbre qui semblait se jeter dans le lac pour faire nos bracelets en macramé (Coline m'a appris à les faire, pour passer commande il vous suffit de me contacter). À ce moment-là nous avons rencontré des jeunes d'une ville alentour, on leur a appris à faire des bracelets autour d'un Terere, une sorte d'échange de bons procédés en somme.



Si vous regardez bien, vous pourrez voir une espèce rare dans cet arbre : une Coline !


La faim et l'envie de fraises nous ramenèrent à la civilisation.
Après avoir rejoint la route, nous avons agité notre pouce pour rejoindre Aregua et sa fameuse foire aux fraises. Une empanada au poulet plus tard, nous voilà en train de goûter tous les types de douceurs aux fraises :

  • brochette aux fraises enrobée de chocolat
  • fraises à la chantilly
  • œuf en chocolat rempli de fraises ET de chantilly par dessus
  • beignet à la fraise
J'ai faillit faire une indigestion de fraises, je ne me serais jamais douté que ça pouvait exister !





À la recherche d'une plage tranquille pour digérer.
Malheureusement seules la digestion et la plage étaient là, manquait donc la tranquillité. Sur le chemin pour arriver à la plage d'Aregua où je m'étais arrêté avec Luis, nous sommes passées par une feria artisanale très sympa. Puis nous sommes arrivées à la plage... bondée. À savoir que les paraguayens installent des basses énormes dans leurs voitures dans le but de mettre de la musique à plein tube quand ils font des asados ou qu'ils restent entre amis. Enfin, moi j'appelle ça plus du bruit que de la musique. Le fait est que Coline a quand même réussi à s'endormir un moment et que nous avons décidé d'aller voir la fameuse église d'Aregua un autre jour. Nous avons donc acheté 2 kilos de fraises avant de repartir pour Asunción avant la nuit.

Le trajet du retour fut plus rude que le réveil à 6h30.
Le bus était bondé. Au début nous étions debout sur les marches avec les portes grandes ouvertes (on ne change pas un bus pourri), puis toujours debout à se tenir sur les barres en hauteur, mal aux bras, aux jambes, fatigue... Et enfin, un peu après avoir fait la moitié du chemin, nous nous sommes jetées sur les 2 places qui se sont libérées juste devant nous. Puis nous avons repris un bus jusqu'à l'hôtel, arrivée à 20h, complètement mortes de fatigue.


Coût de la journée : environ 50 000 Gs (8 €).

Lien vers l'album photo : https://picasaweb.google.com/101785653578820488971/UnDimancheAAregua?authuser=0&feat=directlink


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